» Tu es un garçon manqué « réprouvait la grand-mère. » Viens sur mes genoux » reluquait le grand-père. » T’es bien une fille » méprisait le père. » Pauvres de nous… » maugréait chaque mois la mère. » T’es même pas cap, t’es qu’une fille » narguait le frère. Déesse, quelle odyssée d’être une fille ! Quant à se sentir femme et complète, puissante et douce, magique et belle, dans l’accueil et la joie, créatrice et créative, c’est un pèlerinage à la source.
L’opposition masculin – féminin, suggérée avec la séparation solaire – lunaire du thème proposé, prend date avec l’histoire et l’écriture et tire avantage d’un zoom arrière. L’histoire officielle s’inscrit sur cette séparation où le sujet objective l’objet. Le matriarcat se dénature et domine le masculin extérieur à travers les hommes au nom d’une Déesse qui n’est déjà plus, manipulé par un masculin intérieur inconscient. Cela produit le patriarcat dont la force mentale et physique domine le féminin et les femmes et dont l’exponentielle technologie rend inéluctable la réconciliation. Nous sommes au rendez vous longtemps attendu de notre âme, après avoir joué bien des rôles, incarnant physiquement aujourd’hui une des deux polarités, probablement celle qui véhicule le potentiel de guérison, d’évolution la plus intime et radicale.
Ceci pour saisir la dimension intérieure de la réconciliation entre nos 2 polarités indissociables, interdépendantes, complémentaires. Tant que nous les séparons de façon plus ou moins consciente en nous telle la femme solaire – la femme lunaire, Lilith – Ève, la révoltée – la soumise, autour de nous tels les hommes – les femmes, le dehors – le dedans, le rationnel – le ressenti, nous sommes destinés – acculés à faire éclater le monde tel que nous le connaissons ou à faire éclater l’illusion de la séparation. Celle-ci s’évapore déjà grâce à la mondialisation tant par les catastrophes comme celle de Fukushima que par les opportunités comme celle du partage instantané planétaire de l’information. Alchimiser et guérir en nous la relation masculin – féminin est l’initiation de notre temps et le fondement du monde auquel notre âme aspire. Au delà et à travers une couche plus intime que celle du concept solaire – lunaire en chacun, femme ou homme.
Chaque chose, chaque être de notre univers s’inscrit depuis une double polarité, féminin – masculin, Yin Yang. Au cœur de l’un réside l’autre. Nous ne pouvons appréhender la vérité de l’un sans découvrir en son cœur l’autre. Le potentiel de l’un est l’autre. Le cœur de l’un est l’autre.
Une femme apparemment lunaire, inscrite dans une dynamique de remise de pouvoir à l’extérieur, bien souvent identifiée à la victime, est invitée à contempler avec lucidité et douceur, là où subtilement la révolte refoulée prend le pouvoir.
Ce peut être par le chantage affectif, émotionnel, la manipulation inconsciente – l’aspect tyrannique de la victime en est une – ou même la révolte en marche dans son corps. Contempler et libérer aussi comment elle a bloqué la reconnaissance de sa puissance transcendante, de sa capacité à accueillir au cœur de son corps, au plus secret de son ventre sa propre dimension spirituelle, divine, l’intuition du Mystère. Là est l’amour de la source pour elle. Là peut se rectifier son alignement, déferler son pilier intime à la Terre et au Ciel. Elle peut alors découvrir la sécurité intérieure, la création de celle qui s’est réconciliée à son propre masculin aligné à l’esprit et sortir de la limitation de la femme lunaire afin de dévoiler la femme créatrice qui ancre en connaissance de cause l’intégrité, la dignité et les émane à travers une Présence profonde et claire, concernée sans être accrochée. Dans un environnement machiste, sa présence ne donne pas prise au pouvoir ou à la domination car il n’y en a plus de remise de pouvoir en elle. Si l’environnement la contraint, la simplicité douce, le bon sens vital et l’intuition l’animent, sans se sentir victime personnellement de la situation. Grâce à son masculin intérieur, elle est dans le respect d’elle-même et des autres, dans l’action juste et souple, dans un magnétisme sensuel et accueillant.
Une femme apparemment solaire, inscrite dans une dynamique de prise de pouvoir sur l’extérieur est invitée à contempler avec humilité et compassion, là où subtilement elle met son propre féminin en pâture à travers la performance, ainsi que là où est cachée sa dimension lunaire. Cette affirmation extérieure superficielle du masculin basée sur la domination du corps et du ressenti par la tête, dans la compétition avec les hommes et la rivalité avec les femmes, est copiée sur les hommes et privée de l’essentiel. En occident, la femme active proclame son droit de se conduire en homme, de baiser de même. Ceci est sans doute un temps nécessaire à la revanche sur la domination. Il vient un temps pour écouter et goûter la valeur de l’intime, la sagesse du corps, le sacré de la Yoni (le sexe de la femme), la résonance intuitive du cœur, le moelleux de la vie, la sororité retrouvée. Alors se révèle au cœur de cette femme la prise de conscience d’avoir parfois traité son féminin comme un mac traite une pute, d’avoir forcé son corps comme avec la chirurgie esthétique excessive, d’avoir ignoré sa propre conscience divine qui donne à la femme sa majesté. La conscience d’être digne d’être aimée manque à cette femme dans sa quête de mérite extérieure, dans sa peur de dépendre de l’autre, d’être objet de l’autre. La petite fille non reconnue toujours vivante en elle l’appelle. Elle est invitée à retrouver la conscience de l’amour immanent en elle. Au plus intime d’elle-même vibre l’amour pour elle-même, la compassion véritable, la source de l’amour qui peut s’exprimer librement, joyeusement, spontanément vers les autres et la vie. Alors elle porte la dignité et la reconnaissance profonde et véritable d’être Femme et créatrice, sans le besoin de séduire ou de craindre l’homme, sans intérêt pour les jeux de pouvoir. Elle n’extériorise plus un masculin fabriqué, elle n’a pas besoin de faire comprendre au monde qu’il faut la respecter, elle le porte en elle et l’incarne.
Une vraie femme. Ni plus lunaire, ni plus solaire. Cette femme est complète, elle exprime librement et joyeusement son Féminin et intègre son Masculin. Elle porte la dignité et la reconnaissance profonde et véritable d’être Femme et créatrice, naturellement sensuelle sans le besoin de séduire ou de craindre l’homme, sans intérêt pour les jeux de pouvoir. Elle n’extériorise pas un masculin fabriqué, elle n’a pas besoin de faire comprendre au monde qu’il faut la respecter, elle le porte en elle et l’incarne. Dans un environnement machiste, sa présence ne donne pas prise au pouvoir ou à la domination car il n’y en a pas d’accroche en elle. Si l’environnement la contraint, la simplicité douce et un bon sens vital l’animent, sans se sentir victime personnellement de la situation. Grâce à son Masculin intérieur, elle est dans le respect d’elle-même et des autres.
Dans la reconnaissance de la beauté intrinsèque d’incarner physiquement le Féminin, elle reconnaît sa beauté unique quelle que soit son apparence et connaît sa divinité, sans besoin d’être rassérénée. Son corps est la terre sacrée et la porte du ciel et l’intuition du Mystère. Son sang menstruel est le sang des lunes qui concentre le Féminin sacré et la présence de la Déesse. Elle reconnaît chaque femme à travers une sororité complice, ainsi qu’une fraternité naturelle et franche envers l’homme. Elle est concernée et compassionnée sans être accrochée. Son Masculin intérieur lui donne l’axe de sa dignité et la souveraineté de ses actions, elle est créatrice et créative de ce que la vie lui propose. Elle est prêtresse en elle-même et moelleuse de la vie. Elle est l’amour qui accueille inconditionnellement la vie, qui dit oui joyeusement, librement, spontanément au moment présent. Il émane d’elle une Présence douce et ferme, profonde et claire. Sa Présence réjouit, aimante, libère et enchante.
Retrouver la beauté et la magie d’être femme, l’accueil et l’amour est l’appel pressant de ce moment d’accélération d’évolution pour chaque femme. C’est un voyage de joie. Nous détenons une clef au cœur de nous-mêmes, celle de l’amour.
En hommage à mes sœurs et au Féminin sacré en chacun.
©Diane Bellego
Article paru dans la revue « Rêve de Femmes » Été 2011.