Hélène, 48 ans est une femme active avec de grosses responsabilités professionnelles.
Pour elle, une femme doit avoir les mêmes prérogatives qu’un homme et elle a tendance à mépriser les femmes soumises. Sa sexualité est active et elle explore ce qui peut exciter son désir et ses fantasmes, avec de plus en plus souvent une frustration et une amertume qui sourdent. Selon la représentation sociétale, elle est féminine, ses talons hauts lui font la jambe désirable et son décolleté est tentant. Son corps lui sert tel un soldat qui doit obéir, même dans l’amour. Son chemin vers le Féminin Sacré passe par brandir son masculin actif. Elle me confie pourtant la nostalgie un peu désespérée de rencontrer un homme un vrai, auprès duquel elle puisse lâcher prise, être vulnérable. Ce masculin qu’elle cherche vainement à l’extérieure est en elle, mais occupé à la performance extérieur plutôt que de se retourner vers l’immense vulnérabilité qu’elle cache. C’est ce que des moments de grand creux lui signalent depuis quelques temps et qu’inconsciemment elle vient élucider et transformer près de moi. L’armure de la guerrière reconnu et honoré se détend et finit par se déployer en un axe vrai, humble et puissant tel un Chevalier. Ce dernier retrouve alors sa véritable fonction et sa consécration envers sa Bien Aimée. Sa présence rassurante permet à la vulnérabilité de la Bien-Aimée de s’exprimer. Un raz de marée de larmes en jaillit qui donne finalement source à une somptueuse douceur. Hélène découvre qu’à la mesure de la dureté forgée par son histoire attend la profondeur de sa sensibilité. Son corps d’objet devient enseignant. Elle lui demande pardon de l’avoir traité comme un mac sa gagneuse. Se révèle alors la Femme de Paix, celle dont la Terre a besoin pour initier de nouveaux comportements en entreprise et sur les marchés, celle qui intègre et comprend le Masculin sans plus avoir besoin de le brandir, celle dont émane une vérité intérieure qui interpelle et transforme plus qu’elle ne l’imagine et tellement plus que ses coups de force précédents. Une femme Sacrée et une sacrée femme est né

Laurence, 35 ans, a élevé ses enfants avec d’abnégation et dépense sans compter son énergie à préparer les repas et s’occuper de sa maison. Elle exprimer ainsi ce dont elle déborde, mais dont elle n’a pas conscience. Elle ne sait pas dire non, ce serait refuser de donner l’amour. Ses enfants adolescents délaissent la maison sauf pour le linge propre et ne l’écoutent pas, sauf son petit dernier qu’elle étouffe. Laurence essaye en vain d’attirer l’attention de son mari accaparé par ses occupations sociales et politiques. Elle est de plus en plus submergée par les émotions et son corps commence à sonner l’alarme. Son amie la guide vers moi. La petite fille dont l’amour inépuisable n’a pas été reconnu, méprisé même, se dévoile dès ses premiers mots, sa peine est sans fond. Son amour est immense, mais elle ne le reconnaît pas et elle le déverse sans compter, sans mesure sur son monde quitte à en étouffer l’autre, dans l’espoir inconscient qu’un jour sa propre soif s’apaise. Son chemin de Femme sacrée passe par la reconnaissance de son amour, la révélation de pouvoir s’y baigner, s’y abreuver elle-même, la révélation d’avoir en son propre cœur la source de l’amour. Son absence et refus d’enraciner son propre masculin finit par lui dévoiler en amont un orgueil à la mesure qui infantilise l’autre et l’allaite sans cesse, de même elle infantilise son propre masculin. Découvrir que savoir dire non autorise le oui véritable contribue à la restauration de son Masculin qui veille et ajuste. C’est son initiation profonde. Elle rebute à l’idée d’un art martial, puis découvre l’aïkido et son vêtement majestueux. La majesté de son masculin commence à se deviner. Lorsque son Masculin dans sa justesse se déploie à la mesure de son Féminin dans son don, quelque chose en elle change profondément. Son mari la soupçonne d’infidélité, elle restaure la fidélité à elle-même. Elle refuse les vacances chez les beaux-parents et initie une croisière en amoureux sur le Nil, évaluant le risque de partir seule, elle prévient une amie.
Elle participe depuis activement à une association contre la faim où elle veille à la pertinence des comptes ! Ses adolescents viennent parfois donner un coup de main. Son mari oscille. La Reine d’amour s’épanouit avec justesse. La Terre s’abreuve de son amour.

Isabelle 30 ans a mal au ventre. À chaque cycle menstruel, elle se tord, révulsée de ces rèèèèèèègles dont elle se considère otage. La pilule en continu ne la soulage pas. La vie est mal faite pour les femmes… La terre est un lieu de maltraitance… Sa difficulté à s’enraciner attire à elle les situations mêmes qu’elle redoute. Les Fées et les Anges n’ont pas de secret pour elle et elle voue à la nature une ferveur exaltée. Elle prêche le Retour du Féminin sacré, elle chapitre et sermonne, elle rabâche une rancœur pour les grands lobbys coupables de tout. Inconsciemment et violemment, elle sépare et déchire le ciel de la terre. Son ventre le lui crie à chaque cycle où le Sang sacré des Lunes est condamné, où elle officie elle-même la déchirure, ne pouvant accueillir la réconciliation et le pardon dans son ventre. Elle vient vers moi pour le Féminin sacré et s’offusque que je n’adhère pas à ses batailles. Une sororité d’âme reconnue de ma part lui donne une base sécurisante pour reconnaître son attachement empoisonné à la colère et la libérer sainement. Cela rassemble une énergie saine et vitale dans son ventre. Courage et humilité lui permettent de contempler intérieurement ce qu’elle dénonce à l’extérieur. De l’identification à la victime, elle passe à une responsabilité vraie qui la révèle créatrice. Le temps vient alors de pacifier des mémoires archaïques qui jusqu’à présent filtrent son interprétation du monde : la violence faite aux hommes par un matriarcat dévié que son âme n’a pu pardonner et qui condamne la dimension sacrée du Sang menstruel donné sans violence. Le pardon accompagné dans une dimension à la fois universelle et personnelle s’accomplit, se déploie et permet à son cœur de couler à nouveau, de venir abreuver son ventre de douceur. S’enracine alors la Femme Puissante d’Amour, la Femme qui accueille la Terre en son ventre, pour laquelle la Réconciliation n’est pas un vain mot. Depuis Isabelle accompagne les femmes et les hommes dans cette réconciliation intime avec le corps comme temple de l’âme.

Chaque femme a son propre chemin à la fois unique et pourtant universel afin d’incarner le Féminin sacré. Hélène, Laurence, Isabelle montrent certains chemins pour s’installer dans une complétude entre masculin et féminin et éviter quelques pièges comme l’identification inconsciente au masculin pour Hélène, celle de l’amour victime de la non reconnaissance pour Laurence, celle de la victime de l’incarnation pour Isabelle. À la mesure de notre féminin est notre masculin et réciproquement, toutes trois le dévoilent. À la mesure du masculin guerrier est la vulnérabilité cachée d’Hélène et la somptueuse douceur qui demande à se révéler. À la mesure de l’amour débordant du féminin de Laurence est l’axe juste du masculin à restaurer, celui qui veille et ajuste, celui qui autorise avec conscience le flux continu de son amour, celui qui lui révèle être la source de l’amour. À la mesure du cri du corps d’Isabelle est l’appel de son âme, à la mesure de la colère est le pardon qui attend pour laisser le cœur couler à nouveau. À la mesure de ce qui est pointé dehors est en attente de pacification à l’intérieur.

La Femme sacrée est complete, elle exprime librement son Féminin et intègre son Masculin. Elle est véhicule unique et universel de l’amour et elle le ressent. Elle porte la dignité et la reconnaissance profonde et véritable d’être Femme et créatrice, sans le besoin de séduire ou de craindre l’homme, sans intérêt pour les jeux de pouvoir. Elle n’extériorise pas un masculin fabriqué, elle n’a pas besoin de faire comprendre au monde qu’il faut la respecter, elle le porte en elle. Quand elle se trouve dans un environnement machiste, sa présence ne donne pas prise au pouvoir ou à la domination car il n’y en a pas d’accroche en elle. Si l’environnement la contraint, la simplicité douce et le bon sens vital l’animent, sans se sentir victime personnellement de la situation.

Grâce à un aspect de son Masculin, elle expérimente le respect d’elle-même et des autres. Elle vit la reconnaissance de la beauté intrinsèque d’être une femme. Elle connaît et reconnaît sa divinité sans nul besoin de le prêcher, son corps et le Sang des Lunes l’incarnent. Elle reconnaît chaque femme à travers une sororité complice, ainsi qu’une fraternité naturelle envers l’homme. Son Masculin lui donne l’axe de sa dignité et la royauté de ses actions. Elle est reine et prêtresse d’elle-même et il émane d’elle une Présence douce et ferme, profonde et claire, concernée sans être accrochée. Sa Présence nourrit, libère et reconnaît. Ses mots clefs sont : vécu intérieur et intuition, reconnaissance et accueil.

Puissent ces mots révéler aux femmes la Femme Sacrée à laquelle elles donnent chair et aux hommes la passion de la découvrir en eux-même.

© Diane Bellego

Article pour « Recto-Verseau » 2009